Construire une plateforme de données pour accélérer le partage des données de géolocalisation

3 février 2022

Par Marianne Haahr, directrice exécutive, Green Digital Finance Alliance et ambassadrice F4B

Les nouvelles exigences réglementaires, telles que le règlement de l'UE sur la divulgation des informations relatives à la finance durable (SFDR), imposent aux gestionnaires d'actifs d'accéder à la géolocalisation des actifs des entreprises dans lesquelles ils investissent. Il s'agit notamment de mesurer le pourcentage d'entreprises détenues qui exercent leurs activités à proximité ou dans des zones sensibles ou protégées sur le plan de la biodiversité, et de reporter ces données sur l'indicateur SFDR. En outre, les gestionnaires d'actifs devront également être en mesure de répondre aux nouvelles exigences réglementaires en matière de diligence raisonnable en matière de déforestation introduites dans l'UE et au Royaume-Uni.

La géolocalisation des actifs des entreprises et de leurs chaînes de valeur permettra aux institutions de services financiers d'évaluer les risques liés à la biodiversité, tels que la déforestation, en superposant la géolocalisation avec des photos satellites et des données de capteurs, et même en la reliant aux données des transactions financières. Ces mesures sont mises en œuvre pour réaffecter les capitaux au détriment de la destruction de la nature et pour ajuster la tarification des risques financiers en conséquence. Mais cela nécessite une innovation dans les modèles de données, car de nombreuses entreprises ne vont pas divulguer ouvertement ces données, car cela peut nuire à la compétitivité, mais aussi en raison de certaines formes de réglementation des données.

C'est pourquoi, début 2021, NatureFinance (anciennement connu sous le nom de Finance for Biodiversity (F4B)), en partenariat avec la Green Digital Finance Alliance (GDFA), a lancé un processus de sprint pour définir les caractéristiques minimales d'une solution potentielle de plateforme de données, afin d'accélérer la diffusion de la comptabilité des risques liés à la biodiversité sur les marchés financiers et les marchés de capitaux.

Le processus sprint a duré trois mois et a impliqué 44 institutions dans des entretiens bilatéraux et/ou dans des discussions au niveau de la communauté à travers trois réunions. Cela a permis de lancer le processus de construction de la communauté de la plateforme et de vérifier si les institutions financières (IF) et les fournisseurs d'analyses environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) étaient intéressés par de nouvelles façons de collaborer autour des données de géolocalisation des actifs dans les secteurs des matériaux de la biodiversité. L'engagement visait également à s'assurer que tout investissement ultérieur répondrait à la demande du marché, afin d'éviter de concevoir une infrastructure de données axée sur l'offre.

Le premier résultat du processus de sprint et des diverses réunions est le document de cadrage technique de l'initiative de plateforme de données sur la biodiversité en libre accès , publié aujourd'hui. Ce document décrit l'architecture de haut niveau d'une nouvelle infrastructure de plateforme numérique, qui permettrait aux communautés financières et d'entreprises de commencer à façonner les normes de partage des données de géolocalisation grâce à de nouveaux types de collaboration. Le document révèle également un certain nombre de résultats clés :

  • Le principal défi en matière de données n'est pas tant le manque de données sur la biodiversité, mais plutôt le fait que les données sur la localisation et la propriété des actifs ne sont pas structurées de manière à pouvoir être a) combinées avec les données sur la biodiversité ; et b) intégrées dans les modèles de risque, d'évaluation, de divulgation et d'alignement de l'impact des institutions de services financiers sans coûts de transaction élevés.
  • La superposition d'informations sur la géolocalisation des actifs et de données sur la biodiversité peut révéler quels actifs sous-jacents à des instruments de financement spécifiques sont exposés à des risques matériels liés à la biodiversité.
  • Elle permettra de transmettre les risques et les impacts de la biodiversité aux marchés des capitaux et de les divulguer.
  • Il est peu probable que les modèles de données actuellement disponibles permettent de combler les lacunes actuelles en matière de données de géolocalisation des actifs pour les secteurs des matériaux de la biodiversité.
  • Il a été constaté que l'obligation de télécharger les données de géolocalisation des actifs sur une plateforme entièrement ouverte découragerait la plupart des entreprises de participer en tant que fournisseurs de données.
  • Le processus a donc permis d'identifier et de définir une conception basée sur un échange de données, où les IF peuvent demander que les données de géolocalisation des actifs des entreprises soient partagées à l'aide d'une technologie renforçant la protection de la vie privée, de sorte qu'elles ne soient accessibles qu'à l'IF.
  • Un nouveau type d'infrastructure de données pourrait permettre de développer ce type d'infrastructure parallèlement au dialogue réglementaire, afin de s'assurer que les nouvelles réglementations en matière de divulgation de la biodiversité demandent explicitement des informations spécifiques à la géolocalisation.

F4B et GDFA mettent à disposition la conception de la plateforme de données de géolocalisation des actifs via Open Source dans l'espoir que les membres de la communauté des données, de la biodiversité, de la finance et des entreprises franchiront l'étape suivante pour faire mûrir la conception et construire un prototype à tester.

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