Ce rapport présente des pistes pratiques pour que le G20 conçoive des mécanismes commerciaux et financiers innovants qui permettent de développer la bioéconomie mondiale tout en favorisant une transformation économique équitable et durable.
Vue d'ensemble
Pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, il ne suffit pas de passer aux énergies renouvelables. Il faut aussi une transformation économique globale qui tire parti de la capacité de production de la nature. Le Forum mondial de la bioéconomie estime la valeur actuelle de la bioéconomie à 4 000 milliards de dollars, et l'Institut Henderson du Boston Consulting Group prévoit qu'elle atteindra 30 000 milliards de dollars d'ici à 2050, soit environ un tiers du PIB mondial[1][2]. À cette échelle, la bioéconomie offre une voie essentielle pour une transformation économique durable dans un contexte d'escalade des pressions liées à l'extraction des ressources et des défis climatiques.
Le commerce est essentiel pour libérer ce potentiel. Le commerce basé sur la biodiversité représente déjà 17 % du commerce mondial total et 7 % du PIB mondial, avec des parts encore plus élevées dans de nombreuses économies émergentes - de 29 % des exportations en Indonésie à 94 % en Éthiopie (figure 1)[3]. [3]

Pourtant, en l'absence de politiques et de cadres réglementaires efficaces, le commerce de la bioéconomie risque d'exacerber la perte de biodiversité, la dégradation des écosystèmes et le changement climatique. Les structures commerciales actuelles désavantagent souvent les produits de substitution biologiques par rapport aux produits conventionnels, tandis que les disparités technologiques entre les pays développés et les pays en développement créent des obstacles structurels à la participation.
A la demande du Département de la Science, de la Technologie et de l'Innovation d'Afrique du Sud, et en tant que partenaire de la Présidence du G20 2025, NatureFinance a préparé ce rapport comme contribution à l'Initiative du G20 sur la Bioéconomie (GIB). Il s'appuie sur les discussions qui ont eu lieu lors de la deuxième réunion du GIB à Mbombela, en Afrique du Sud (mai 2025), où le commerce a été identifié comme un facteur clé de la croissance de la bioéconomie.
Principaux résultats
La bioéconomie peut fournir jusqu'à un tiers des réductions d'émissions mondiales nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C, tout en offrant des avantages en termes d'adaptation et de résilience grâce à des solutions basées sur la nature qui renforcent les services écosystémiques et les moyens de subsistance des communautés[4]. [4]
L'élargissement de cette opportunité nécessite une action ciblée dans six domaines prioritaires :
1. Intégration des politiques : Relier les stratégies de bioéconomie aux politiques d'économie circulaire et aux engagements nationaux en matière de climat, en établissant des distinctions réglementaires claires entre les produits biosourcés et les produits à base de combustibles fossiles.
2. Infrastructure commerciale : Élaborer des accords commerciaux préférentiels pour les produits biosourcés et mettre en place des installations douanières spécialisées dotées de systèmes de vérification numérique.
3. Coopération régionale : Renforcer les mécanismes de transfert de technologie et mettre en place des mécanismes de financement conjoints pour les projets transfrontaliers, y compris des initiatives telles que le Centre de financement de la bioéconomie en Afrique (African Bioeconomy Finance Hub).
4. Harmonisation et interopérabilité des données et des normes : Créer des systèmes interopérables pour mesurer, notifier et vérifier les activités de la bioéconomie, en utilisant des mécanismes internationaux tels que le Codex Alimentarius, tout en renforçant les capacités nationales en matière d'information séquentielle numérique (ISN).
5. Réorientation financière : Réorienter les subventions vers les biens et services d'origine biologique, réduire progressivement les subventions aux combustibles fossiles et donner la priorité aux produits de la bioéconomie dans les marchés publics afin de créer une demande stable.
6. Incitations commerciales : Déployer des incitations financières, réglementaires, fiscales et de la chaîne d'approvisionnement limitées dans le temps pour accélérer la transformation du marché et permettre aux nouvelles technologies de s'adapter au marché des produits.
Perspectives d'avenir
Ce document s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par NatureFinance pour aligner les agendas du commerce, de la finance et de la nature dans le cadre du G20 et au-delà.
Au cours des prochains mois, NatureFinance organisera une série de webinaires afin d'impliquer les parties prenantes et d'approfondir le dialogue sur la bioéconomie et le commerce. Les résultats de l'étude seront également pris en compte lors de la prochaine réunion de la CARICOM qui se tiendra à Sainte-Lucie en octobre 2025 et qui sera consacrée à l'élaboration d'un programme durable et inclusif en matière de commerce et de bioéconomie pour la région.
Nous sommes impatients d'apporter ces idées à la COP30 à Belém, où les intersections entre le commerce, le climat et la nature devraient figurer en bonne place à l'ordre du jour mondial.
Pour toute question ou commentaire, veuillez contacter indekhwa.anangwe@naturefinance.net.
Ce rapport a été rédigé par Indekhwa Joy Anangwe, Julie McCarthy et Mark Halle, avec la contribution de Fiona Napier, Isobel Cohen et Monique Atouguia. Assistance éditoriale de Roberta Zandonai et Lucy Martin, conception et mise en page de Natan Aquino.
Les auteurs souhaitent également remercier les collègues et partenaires suivants pour leurs précieuses idées et contributions : Chantal Line Carpentier, Francis X. Johnson, Glen Hamilton Wilson, Henrique Silva Pacini Costa, Lorena Jaramillo, Ricardo Meléndez Ortiz.
Ce document de travail a également bénéficié des contributions du Forum sur le commerce, la durabilité et les ODD (TESS), avec des remerciements à Carolyn Deere Birkbeck et Christophe Bellmann.
[1] Forum économique mondial. (2024). Technologies émergentes : Why the global bioeconomy urgently needs technical standards and metrics. https://bit.ly/48nq7e3
[2] BCG Henderson Institute. (2022). Synthetic biology is about to disrupt your industry. https://bit.ly/469BQLZ
[3] CNUCED. (n.d.). UN Trade and Development Data Hub. https://bit.ly/4nabRtP
[4] Gomez, S. J., S, H., & I, A. (2022). Bioéconomie durable et circulaire dans l'agenda climatique - Opportunités de transformation des systèmes agroalimentaires. Rome : FAO. https://doi.org/10.4060/cc2668en