La dégradation de la nature, y compris la perte de biodiversité, constitue une menace importante pour l'humanité, l'économie et la stabilité financière. C'est pourquoi les acteurs financiers peuvent bénéficier de cadres qui modélisent des scénarios et des risques permettant une compréhension globale des risques économiques et financiers intégrés liés au climat et à la nature.
NatureFinance s'est associée au Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), à la Banque centrale européenne (BCE) et à l'Université du Minnesota dans le cadre d'un projet visant à explorer la faisabilité du développement d'un cadre intégré de modélisation de scénarios climat-nature. La question centrale à laquelle le projet cherchait à répondre était de savoir si l'intégration des risques liés au climat et à la nature dans l'analyse des scénarios permettrait d'obtenir une évaluation sensiblement différente de ces risques. La réponse a été positive.
Il a montré que l'absence d'intégration des politiques relatives au climat et à la nature entraînerait des risques accrus pour les économies, le climat et les écosystèmes. En intégrant les politiques et ambitions existantes en matière de climat et de nature dans différentes combinaisons au sein de scénarios, le cadre simule des transitions potentielles pour atteindre des objectifs environnementaux spécifiques. En combinant des modèles macroéconomiques et biophysiques, nous sommes en mesure d'évaluer les risques pour la biodiversité et les services écosystémiques, ainsi que les risques économiques pour le secteur de l'agriculture et de l'utilisation des terres à l'échelle mondiale entre 2020 et 2050.
A propos de ce rapport - présentation des résultats finaux du projet
Ce nouveau rapport fait suite à un premier rapport intermédiaire publié en février 2024, qui présentait les scénarios élaborés et l'infrastructure de modélisation. Le rapport actualisé présente les indicateurs de risques physiques et de transition modélisés au niveau de l'Union européenne et au niveau mondial.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- Une approche intégrée révèle des différences significatives dans les risques estimés en fonction de divers scénarios de politiques climatiques et naturelles.
- Le scénario politique du statu quo entraîne une perte importante de biodiversité et une dégradation des services écosystémiques.
- Le scénario de la politique climatique seule ne protège pas la biodiversité et présente des risques économiques importants pour le secteur agricole.
- Si les politiques intégrées en matière de climat et de nature présentent toujours des risques économiques, ces risques sont moins prononcés que dans les scénarios où le climat et la nature font l'objet de politiques cloisonnées.
Si le rapport fait état de progrès significatifs dans l'élaboration d'un cadre intégré permettant de mieux appréhender l'ampleur des risques accrus liés au climat et à la nature, il reconnaît également les limites de l'approche de modélisation et de ses hypothèses sous-jacentes.
Ces éléments conduisent probablement à une sous-estimation des risques en général.
Malgré ces limites, les résultats du projet représentent un premier pas décisif vers un cadre quantitatif complet d'évaluation des risques financiers en illustrant l'interconnexion des politiques relatives à la nature et au climat. Cela offre des perspectives fondamentales pour les banques centrales, les régulateurs financiers et les experts en gestion des risques.
Le rapport souligne la nécessité de poursuivre les recherches afin de mettre au point des tests de résistance globaux liés à la nature, qui permettent d'appréhender les risques financiers associés aux changements environnementaux à l'échelle de l'ensemble de l'économie. Dans le même temps, il encourage les banques centrales et les autorités de surveillance financière à prendre des mesures immédiates, ce qui est essentiel pour empêcher une dégradation irréversible de l'environnement. Les principaux acteurs peuvent commencer à adopter des approches qui exploitent les données et les connaissances existantes, afin de garantir une approche proactive dans un contexte d'incertitude.
Il est temps de prendre des mesures décisives pour faire face aux menaces interdépendantes du changement climatique et de l'effondrement des écosystèmes.
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Pour plus d'informations:
Annia Costermani Visconti, gestionnaire de programme Nature Risk