L'événement Nature Finance - the Next Wave s'est tenu le 5 octobre à Genève lors de la Building Bridges Week 2022. L'événement a permis de présenter des projets, des innovations et des voies permettant d'accroître la place de la nature dans la résolution des problèmes de développement durable dans le monde.
L'événement a officiellement lancé NatureFinance, un centre d'excellence collaboratif basé à Genève qui place la nature au cœur de la finance mondiale afin d'obtenir des résultats positifs et équitables pour la nature.
Dans son discours d'ouverture, Simon Zadek, directeur exécutif de NatureFinance, a parlé de l'omniprésence de la nature et a abordé les changements nécessaires dans certains des domaines clés dans lesquels NatureFinance travaille :
"La nature-finance n'est pas un concept étroit appelé nature ou finance. La nature est ce qui fait que tout fonctionne ; c'est simplement que nous ne l'avons pas prise en compte dans le passé. Dans le domaine de la dette souveraine, comment s'assurer que le capital nature est réellement intégré dans les marchés de la dette souveraine ?
Les crimes contre la nature coûtent à l'économie mondiale 218 milliards de dollars par an et constituent la quatrième source de dette illicite au monde. Comment faire en sorte que la communauté de lutte contre le blanchiment d'argent réfléchisse à la manière dont la communauté des investisseurs peut repérer ces crimes contre la nature dans leurs chaînes de valeur et commencer à les éliminer ?
"Si la nature commence à être cristallisée dans la manière dont elle est explicitement évaluée et échangée, alors nous avons des marchés de la nature spécifiques. La task-force sur les marchés de la nature étudie la manière dont ces marchés, qu'il s'agisse des marchés de crédits pour la biodiversité ou des marchés de matières premières à grande échelle pour les denrées alimentaires et les minéraux, doivent être envisagés sous un angle positif pour la nature et équitable pour l'avenir.
Simon Zadek, directeur exécutif, NATUREFINANCE
S'exprimant depuis son domicile en Australie, Katrina Donaghy, cofondatrice et PDG de Civic Ledger, a donné un exemple de la manière dont la technologie peut créer une meilleure gouvernance des marchés de l'eau.
"Les marchés de l'eau ont toujours été des instruments de politique économique compliqués à mettre en œuvre. Nous devons passer de marchés centralisés, conçus par les gouvernements et les régulateurs, qui contrôlent la prévisibilité du fonctionnement du marché, à un modèle de gouvernance décentralisé dans lequel les marchés de l'eau sont conçus avec leurs participants au centre et avec le contrôle de leurs données.C'est ce que nous appelons les échanges d'eau communautaires décentralisés".
KATRINA DONAGHY, CEO, CIVIC LEDGER
La discussion s'est orientée vers la question suivante : est-il réaliste d'aligner complètement le financement sur les résultats positifs pour la nature ? Patrick Odier, président du SFG et du SSF, a affirmé que les efforts déployés au cours des dernières années ont déjà permis de jeter les bases.
"Nous savons tous que le climat et la nature sont intimement liés. Mais la finance, le climat et la nature sont également déjà intimement liés par le simple fait que, si nous sommes tous d'accord sur les engagements et les objectifs de zéro net, cela signifie que certaines des solutions qui seront nécessaires, en particulier pour combler la dernière lacune de l'engagement zéro net, auront précisément à voir avec l'utilisation de solutions basées sur la nature".
PATRICK ODIER, PRÉSIDENT, FINANCE DURABLE GENEVE ET FINANCE DURABLE SUISSE
En tant que directrice générale du prix Earthshot, Hannah Jones est bien placée pour parler de ce qu'elle appelle le tsunami d'innovations visant à relever les défis auxquels sont confrontés nos océans, les déchets, l'air pur et le changement climatique, entre autres, ainsi que de l'environnement favorable nécessaire pour les faire passer à l'échelle.
"Nous n'avons pas de problème d'innovation, nous avons un problème d'échelle. Ce que nous devons faire, c'est mettre en relation les solutions innovantes avec le bon capital mixte et le bon type de soutien. Nous devons briser certaines règles, et en créer de nouvelles, qui rassemblent les communautés de l'innovation et de la finance et permettent à un pipeline d'innovation d'aller plus vite et de réduire les frictions nécessaires pour passer d'une idée dans un garage à un prototype fonctionnel, puis à une mise à l'échelle et à une réplication dans le monde entier."
HANNAH JONES, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU PRIX EARTHSHOT
Neidinha Bandeira, cofondatrice de l'association de défense ethno-environnementale Kandidé, a fait vibrer l'auditoire en partageant son expérience de la violence à laquelle sont confrontés la forêt amazonienne et ses habitants, et en invitant les participants à réfléchir à certains changements viables susceptibles de soutenir le Sud mondial.
"Nous sommes venus ici pour vous dire qu'investir dans la forêt permanente est une démarche commerciale intelligente. Comment pouvons-nous attirer votre attention sur la bioéconomie sociale de l'Amazonie, de l'Afrique centrale et de l'Asie du Sud-Est et y investir ? Vers des projets d'agroforesterie, des possibilités de restauration, la cartographie de la biodiversité, les crédits nature ?
NEIDINHA BANDEIRA, KANINDE ETHNO-ENVIRONMENTAL DEFENSE ORGANISATION
Vian Sharif, PDG de NatureAlpha, a mené la discussion sur les nouvelles façons d'engager la finance et de façonner les marchés pour obtenir des résultats positifs pour la nature, nets zéro et équitables.
Emeryc Kpenou, partenaire de SouthBridge, a parlé des opportunités uniques de l'Afrique ainsi que de l'importance d'un engagement total des parties prenantes pour le succès des initiatives axées sur la nature.
"Les solutions basées sur la nature sont devenues un sujet important en Afrique parce que nous avons des crédits de carbone qui sont demandés en Occident par de nombreuses entreprises pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais en développant des solutions de crédit carbone, nous devons nous assurer que les communautés locales participent au travail, à l'aide et à l'engagement. Si ce n'est pas le cas, il y a très peu de chances que le projet voie le jour".
EMERYC KPENOU, PARTENAIRE, SOUTHBRIDGE
Nakul Saran, membre de la task-force sur les marchés de la nature, croit fermement que la technologie est une force habilitante, mais il a également mis en garde contre la nécessité de prendre en compte les effets d'entraînement que ces technologies peuvent exercer sur les secteurs industriels existants.
"La cinquième révolution industrielle nécessaire est la fusion de la technologie et de la nature, par exemple les matériaux cultivés en laboratoire pour réduire la pression sur les environnements et les écosystèmes naturels. Mais ces innovations soulèvent leurs propres questions en matière d'équité. Dans l'industrie de la mode, qu'advient-il des millions de cultivateurs de coton sur le dos desquels l'industrie de la mode s'est construite ? Nous devons réfléchir à des transitions justes qui seront également d'une importance cruciale lorsque nous considérons la technologie comme un catalyseur".
NAKUL SARAN, MEMBRE DE LA TASKFORCE SUR LES MARCHÉS NATURELS
En tant que coprésidente du groupe de travail sur la divulgation financière liée à la nature (TNFD), Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de l'UNCBD, a souligné le rôle central du travail du TNFD pour aider les marchés à atteindre leurs objectifs en matière de protection de la nature.
"Le TNFD a progressé dans l'élaboration d'un cadre mondial, scientifique et axé sur le marché pour l'établissement de rapports sur les risques, les impacts et les opportunités liés à la nature. Ce cadre fournira une approche cohérente pour mesurer, évaluer, rendre compte et gérer les risques, les impacts et les opportunités liés à la nature".
ELIZABETH MARUMA MREMA, SECRÉTAIRE EXÉCUTIVE DE L'UNCBD, COPRÉSIDENTE DE LA TASKFORCE SUR LA DIVULGATION DES INFORMATIONS FINANCIÈRES RELATIVES À LA NATURE
Peu de personnes ont joué un rôle aussi important dans la création de NatureFinance qu'Andre Hoffmann, vice-président de Roche Holding et président de la Fondation MAVA, dont le financement a été essentiel à la création de Finance for Biodiversity (l'ancienne incarnation de NatureFinance) et maintenant de NatureFinance.
"Nous sommes en train de changer les règles du jeu. Si nous ne combinons pas les mondes de la création de valeur et de la protection de notre environnement, de notre planète, nous ne pourrons pas passer du modèle des industries polluantes et extractives au modèle régénérateur dont nous avons besoin. Genève est un carrefour d'investissements privés et publics, d'organisations nationales, d'ONG, et il n'y a pas beaucoup d'endroits mieux adaptés à ce genre d'initiative.
ANDRE HOFFMANN, VICE-PRÉSIDENT, ROCHE HOLDIN, PRÉSIDENTE, FONDATION MAVA
Les opportunités uniques qu'offrent les écosystèmes financiers et d'innovation suisses ont joué un rôle déterminant dans le choix de Genève comme siège de NatureFinance, un sentiment partagé par Fabienne Fischer, conseillère d'État genevoise, ainsi que par Christoph Baumann, envoyé du secrétaire d'État au financement durable
, Département fédéral des finances suisse.
"Comment aligner le système financier sur des résultats nets zéro, positifs pour la nature et équitables à un rythme beaucoup plus rapide ? Telle est la question clé. Pour contribuer à notre réponse, le Canton est heureux d'accueillir NatureFince comme une nouvelle partie importante de l'écosystème de la finance durable à Genève."
FABIENNE FISCHER, CONSEILLÈRE D'ÉTAT GENEVOISE
"Avec la Genève internationale, la Suisse abrite un écosystème unique d'institutions capables de combler le fossé entre la nature et la finance pour faire face aux risques et aux opportunités liés à la nature. Nous saluons donc le lancement de NatureFinance et soutenons ses ambitions"
CHRISTOPH BAUMANN, ENVOYÉ DU SECRÉTAIRE D'ÉTAT À LA FINANCE DURABLE, SUISSE
Simon Zadek a résumé les discussions de la journée et les objectifs de la transition dynamique nécessaire pour placer la nature au cœur de la finance mondiale :
"S'il y a une chose que vous devez retenir en sortant d'ici aujourd'hui, c'est que la nature, la justice sociale et l'équité sont inextricablement liées. Nous ne pouvons pas les séparer.
Simon Zadek, directeur exécutif, NATUREFINANCE
