Alors que la dernière réunion des Nations Unies sur le climat (COP29) laisse présager un réchauffement de la planète d'environ 3°C, un nouveau rapport de NatureFinance, intitulé "Futureproofing Food for a Rapidly Warming Planet", souligne que, dans de nombreuses régions, l'agriculture traditionnelle sera gravement perturbée par des conditions météorologiques extrêmes, la dégradation des sols et la pénurie d'eau, et que les techniques alimentaires innovantes seront un outil essentiel pour garantir un accès continu à des aliments abordables et nutritifs pour les plus vulnérables.
Le rapport affirme que les pays à revenu faible et intermédiaire seront les plus vulnérables aux perturbations climatiques et naturelles dans un monde réchauffé à plus de 1,5 °C, ce qui les exposera à une fragilité économique et à une insécurité alimentaire accrues à mesure que leur capacité à produire des denrées alimentaires diminuera.Les prix à terme du café ont récemment grimpé en flèche pour atteindre leur plus haut niveau depuis près de 50 ans, en raison des inquiétudes concernant l'approvisionnement dues à la sécheresse au Brésil. La sécheresse et les inondations ont un impact considérable sur l'offre et les prix du riz en Asie et en Europe. Pour résoudre ces problèmes et, dans le cas des cultures de base, prévenir une crise mondiale de la sécurité alimentaire, il faut une double stratégie afin de garantir que notre système de production alimentaire puisse subvenir aux besoins de tous dans un environnement de plus en plus perturbé.
Si les investissements dans l'agriculture régénératrice sont essentiels pour protéger et prolonger la durée de vie et la productivité des terres agricoles existantes et doivent être développés, il y aura un moment où même ces techniques ne suffiront pas à surmonter les défis induits par le réchauffement. Pour se préparer à ce scénario, NatureFinance a étudié ce qu'il faudrait faire pour augmenter le financement de solutions de production alimentaire à plus forte intensité de capital et résilientes au changement climatique pour les pays à faible et moyen revenu.
Pour réussir, ce modèle nécessite un financement ciblé important afin de développer l'innovation et de soutenir l'agriculture durable. NatureFinance a estimé que l'investissement total en R&D nécessaire pour faire baisser les coûts dans les pays à revenu élevé, c'est-à-dire pour mettre en œuvre un ensemble de technologies alimentaires résilientes et adaptatives, est de l'ordre de 30 à 65 milliards de dollars au cours des 10 à 15 prochaines années.
Le terme "techniques alimentaires résilientes et adaptatives" (RAFT) est utilisé pour décrire une série d'approches à forte intensité de capital, allant des techniques d'agriculture verticale et des protéines alternatives à d'autres pratiques agricoles non conventionnelles qui sont moins dépendantes de la volatilité des conditions météorologiques tout en minimisant l'impact sur l'environnement. Dans le meilleur des cas, les RAFT peuvent augmenter la production alimentaire, produire des aliments quelles que soient les conditions météorologiques, être implantées n'importe où et avoir d'importants effets bénéfiques sur l'environnement.
Julie McCarthy, directrice générale de NatureFinance, a déclaré:
"Les pratiques agricoles régénératrices ont un rôle essentiel à jouer : restaurer les écosystèmes en améliorant la santé des sols, en augmentant la biodiversité et en séquestrant le carbone. Ces pratiques rendent les exploitations agricoles plus résistantes aux conditions météorologiques extrêmes et offrent des moyens de subsistance durables aux communautés rurales. En outre, l'expansion des technologies RAFT pourrait jouer un rôle complémentaire en réduisant la dépendance à l'égard des terres agricoles extensives. Les nouvelles technologies peuvent atténuer la pression exercée sur les paysages naturels, permettant ainsi la restauration des écosystèmes et l'atténuation de certains des effets les plus extrêmes du changement climatique et de la perte de la nature".
Les premières expériences nationales de pays tels que Singapour, le Brésil et le Rwanda soulignent la nécessité d'une coopération internationale, d'une réforme et d'une réorientation généralisées des subventions agricoles, ainsi que de l'utilisation de nouveaux instruments financiers tels que les crédits nature et carbone, le financement lié à la performance et les crédits d'impôt, le tout en fonction de technologies et de contextes spécifiques. Grâce à ces approches, il serait possible d'attirer des investissements privés à grande échelle, d'utiliser efficacement les fonds publics et de réduire le coût de la nutrition.
"Bien qu'il y ait des leçons à tirer en matière d'innovation financière de la transition vers les énergies renouvelables il y a vingt ans, le développement du RAFT nécessitera des investissements stratégiques dans la R&D, le renforcement des capacités et la stimulation de la demande du marché par le biais d'outils et d'un marketing efficace. Par rapport aux quelque 600 milliards de dollars de subventions publiques qui soutiennent actuellement l'agriculture conventionnelle, il s'agit d'un montant relativement modeste", a ajouté Sylvain Coutu, principal auteur du rapport.
FINS
A propos de NatureFinance
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